«Chaque artiste crée ses précurseurs. Son travail modifie notre conception du passé autant que celle du futur». Jorge Luis Borges

mardi 28 août 2012

Bononcini: Messa a Cinque concertata, Stabat Mater Concerto Italiano, Rinaldo Alessandrini chez Naïve.


Cinquante années de «redécouvertes» de la musique ancienne ont signifié aussi et avant tout -outre la redécouverte de la «manière»- la redécouverte de l'inépuisable trésor musical conservé dans les bibliothèques du monde entier. Le Stabat Mater (conservé à la Bibliothèque Estense de Modène) est déjà connu pour avoir été publié il y a quelques années et avoir fait quelques rares apparitions au concert. En revanche, la monumentale Messe (qui se trouve à la Bibliothèque du Conservatoire de Florence) n'a pas fait encore l'objet d'aucune
exécution édition, d'aucune exécution publique ni d'aucun enregistrement.

Naïve: OP30537

lundi 27 août 2012

Weinberg sinphonie n°6 chez Naxos.



Weinberg: Symphony no.6 op.79; Rhapsody on Moldavian Themes op.47 no.1
Glinka Choral College Boys’ Choir
St Petersburg State Symphony Orchestra
Vladimir Lande, dir.

J’ai eu a écouter, et surtout apprécier, la musique de Mieczyslaw Weinberg depuis plusieurs années et j’en ai toujours retiré beaucoup de satisfaction. Je ne suis pas de ceux qui diminueront l’importance d’une œuvre parce qu’elle est lourdement tributaire de l’esthétique d’une autre figure créatrice dominante. Si le savoir-faire est de haute qualité, si le plaisir offert par l’écoute est indéniablement sincère, si l’effort créateur de l’artiste est imbu d’une profonde honnêteté et d’un besoin viscéral et manifeste de communiquer, de susciter des émotions et d’exprimer de la beauté, alors je suis toujours prêt à donner au coureur sa chance et même, comme dans le cas de Weinberg (et tel qu’exprimé plus haut), mon appréciation.
Weinberg était Polonais. Il se réfugia en URSS pour fuir les Nazis, et y resta toute sa vie. Là, il trouva son mentor artistique absolu : Dmitri Chostakovitch.

Toute la musique de Weinberg (prolifique, avec, entre autres, pas moins de 26 symphonies et 17 quatuors à cordes) est littéralement pénétrée, induite, transcendée par celle de Chostakovitch. Certains vous diront, de façon un peu condescendante, qu’elle n’en est qu’une copie de haute qualité. Moi je vous dirai qu’elle offre à l’amoureux de la musique du 20e siècle, et celle de Chostakovitch en particulier, une façon tout à fait stimulante et même excitante de prolonger l’immense plaisir de se laisser baigner et envelopper par ces ambiances mystérieuses empreintes de pure nostalgie, ces lignes mélodiques sinueuses admirablement colorées par toute la panoplie des instruments solistes de l’orchestre, cette écriture somptueusement expressive qui sert de témoin émotionnel, psychologique et même spirituel à une époque rude et troublée.

Avec Weinberg, nous pouvons nous réjouir de pouvoir écouter 26 symphonies, 17 quatuors, et toute une pléthore d’autres oeuvres supplémentaires du grand Chostakovitch! Pour certains, c’est une tare, un symbole d’infériorité. Pour moi, c’est une bénédiction car, malgré la dette immense que le compositeur doit à son illustre collègue, sa musique possède une multitude de traits et d’inspirations mélodiques qui lui donne une unicité bien à elle.
Sur ce disque bien enregistré par Naxos, Deux œuvres se font face, l’une plus légère, l’autre assez costaude. La Rhapsodie sur des thèmes moldaves est un exercice assez amical et gentiment réussi par Weinberg, qui déploie ici son habileté à réunir des mélodies inspirées de la Moldavie dans une trame holistique assez bien resserrée.

La Symphonie no.6, datée de 1963, est d’une autre envergure. En 5 mouvements, dont trois faisant appel à un chœur de garçons (un détail ma foi peu fréquent, et bienvenu!) qui entonne des poèmes traitant de sujets très près du compositeur, soit les affres du destin qui transforme les vies à jamais, cette symphonie est un parcours initiatique qui a probablement servi d’exutoire à son auteur. On y ressent la douleur et la tristesse de ce qui a été perdu (la famille, les amis), mais aussi l’espoir et la résilience. Comme chez Chostakovitch. Mais contrairement à ce dernier, Weinberg apparaît souvent moins « désespéré », ce qui est peut-être l’une des raisons qui pousse certains à se méfier de lui et croire qu’il manque de profondeur. Ce n’est pas le cas. Weinberg était simplement un être probablement moins tourmenté que son mentor. Mais sa force créatrice n’était pas inférieure. Peut-être seulement trop subjuguée par l’autre, en fin de compte.

L’orchestre de St Petersburg aurait pu montrer plus d’intensité dans son interprétation? C’est possible. Mais la performance est tout de même satisfaisante.

Frédéric Cardin

Théodore Gouvy, symphonies n°1 et n°2 chez CPO.


Gouvy : Symphonies 1 & 2
Deutsche Radio Philharmonie
Saarbrücken Kaiserslautern
Jacques Mercier, dir.
CPO 777 381-2

Théodore Gouvy est une sorte de chaînon manquant entre la musique française et allemande, entre Berlioz et Wagner. Quand on pense à la symphonie française de large envergure, on ne peut éviter d’avoir César Franck comme premier artiste digne de ce nom (à part Berlioz il va de soi, mais d’une manière si personnelle et unique) faisant en France ce que les Teutons réalisaient, eux, depuis plus longtemps de leur côté de la frontière.
Il est ironique, mais peut-être inévitable aussi, que Gouvy eut été un enfant d’Alsace. Cette région ballottée entre deux nations longtemps ennemies, mais si proches à la fois, était probablement le terreau idéal pour qu’une jonction de deux esprits musicaux en apparence si contraires puisse se faire.

Chez Gouvy, en particulier dans ces deux premières symphonies, on retrouve le souffle beethovénien (comme tous les symphonistes du 19e siècle direz-vous!), mais avec un indéniable sens de la ligne et du dessin très précis. On pense aussi beaucoup, beaucoup, à Mendelssohn. Alors, était-ce plutôt Felix qui était un allemand avec un esprit « français »? Aïe aïe aïe, je ne me lancerai pas ici dans le début d’une polémique musicologique!
Il suffit d’écouter la Symphonie no.1, donnée par un ensemble amateur pour la première fois en 1846, mais créée professionnellement en 1847, par un orchestre et dans une salle payés par Gouvy lui-même! Il avait du cran ce jeune homme. Bien sûr, il avait aussi un petit peu de bon sens publicitaire, car il inclua en première partie de la création de son op.9 un concerto pour piano de Beethoven.

La soirée fit sensation. Gouvy s’affirma comme un digne représentant d’une classe à part de créateurs musicaux, ceux qui peuvent revendiquer à juste titre l’héritage du grand Ludwig.
Le premier mouvement indique dès le départ un besoin d’extérioriser une énergie qui ne s’arrête pas aux petites esquisses. De larges traits de cordes sont colorés par l’excitation des bois et l’ampleur des cuivres. Le rythme est puissant et affirmé. Oui, Beethoven a bien fait des petits à l’ouest. Le court Scherzo est quant à lui éminemment mendelssohnien. Le sens de la mélodie alerte n’était certainement pas pour déplaire à ce dernier. Un Andante solennel, mais empreint d’une grande tendresse, apporte une note de réconfort bienvenue dans une trame jusque-là plutôt portée sur l’agitation. Le Finale, rustique et dansant, fait place en son centre à un passage lyrique magnifiquement scandé par les cors et les cordes, pour se terminer de façon grandiose et résolument optimiste.

La Symphonie no.2 op.12 introduit un thème martial et volontaire qui se développe sur près de 10 minutes. Un peu trop peut-être. Le Scherzo produit encore une fois une impression de fébrilité, comme dans l’op.9, mais avec une ampleur musculaire bien plus poussée. Mendelssohn, ici, aurait peut-être senti un courant d’air lui déplacer le toupet! Encore une fois, cependant, Gouvy s’avère un être mélodiste efficace et franchement attrayant. L’Andante qui suit est mélancolique et plutôt évocateur de rêves perdus, remplissant en ce sens un impératif o ne peut plus romantique. Gouvy est un orchestrateur de haut niveau, transformant habilement les lignes de cordes en passages suggestifs pour clarinette, cor, flûte, etc. Superbe. Le mouvement final vibre et imprègne un sentiment d’urgence à l’auditeur, mais sans le laisser dans la crainte d’une virée incohérente vers l’inconnu. On sent Gouvy en plein contrôle de son discours, pointant vers l’inévitable conclusion épanouie, tout en nous faisant passer entre-temps par un chemin panoramique qui ravit le cœur et l’âme de celui qui saura regarder (ou plutôt, écouter!). Ouf. Quel voyage magnifique. Je sais que je réécouterai souvent ces deux œuvres absolument essentielles, désormais, à ma discothèque et à ma connaissance de l’histoire musicale. Je me précipiterai aussi sur les deux autres volumes de la collection, où l’on retrouve les symphonies 3 à 6 du compositeur.

Frédéric Cardin

jeudi 23 août 2012

4 Buenos Aires avec Denis Plante et David Jacques chez Atma Classique



Artiste incontournable du bandonéon au Canada, Denis Plante présente des transcriptions pour bandonéon et guitare d'œuvres phares d'Astor Piazzolla. À la suite du succès de Tango Boréal, qui a obtenu un prix Opus en 2012, Denis Plante propose un retour à l'essence même du tango : son bandonéon et la guitare de son ami David Jacques. Une invitation à entrer dans l’univers musical de Piazzolla comme si on le surprenait faisant danser son soufflet dans un café de Buenos Aires. Denis Plante est aujourd’hui un interprète singulier du tango contemporain sur la scène internationale.

Atma Classique: Acd22675, à partir du 28 août au Canada.

Ce qu'on a dit du disque:

« Denis Plante se propose ici de revenir aux fondements d’un tango dénudé avec le bandonéon et la guitare acoustique pour simple accompagnement : un tango de rapprochement tel que l’on imagine celui des débuts. Mais en intégrant le caractère savant du répertoire de Piazzolla et l’interprétation remplie de nuances de Denis Plante et David Jacques.» Yves Bernard, Le Devoir 24 août 2012.

O Poore Distracted World! avec Les Voix Baroques chez Atma Classique.




Aux XVIe et XVIIe siècles, les Anglais ont produit une musique hautement originale, cultivant des formes et un esprit tout à fait uniques. Cet esprit était marqué par la mélancolie, une disposition de l’âme qui sévissait alors partout sur le continent, mais qui allait caractériser plus particulièrement les productions intellectuelles, littéraires et musicales des îles Britanniques, des plus obscures à celles des Shakespeare, Dowland, Milton et Purcell. Ce disque constitué d’Anthems et de Songs de cette époque, en révèle les plus belles œuvres.
Sous la direction artistique de Matthew White, la formation Les Voix Baroques est un ensemble de musique de chambre professionnel qui se consacre à l’interprétation historiquement documentée de répertoires inexplorés pour voix et instruments des époques Baroque et de la Renaissance. Alexander Weimann est actuellement directeur artistique du Pacific Baroque Orchestra, et également l’un des solistes, chambristes et directeurs d’ensemble les plus en demande présentement.  

Atma Classique: ACD22630, à partir du 28 août au Canada.

Triple Forte avec David Jalbert chez Atma Classique.




Triple Forte, une formation de chambre d’élite au Canada, présente son premier enregistrement. Grâce au talent presque sans limites du violoniste Jasper Wood, du violoncelliste Yegor Dyachkov et du pianiste David Jalbert, Triple Forte fera la joie des mélomanes avec leurs interprétations des trios de Maurice Ravel, Charles Ives, et Dimitri Chostakovitch. Entre 1904 et 1923, ces compositeurs ont abordé ce genre pour la première fois, se trouvant confrontés à de sérieux défis, les exemples de trios contemporains se faisant rares.

Atma Classique: ACD22633, à partir du 28 août au Canada.

lundi 20 août 2012

The Little Mermaid, par le ballet de San Francisco chez C Major.


The Little Mermaid
Lera Auerbach, musique
John Neumeier, chorégraphie, costumes, décors
San Francisco Ballet
Orchestre dirigé par Martin West
C Major 708704

Cette petite sirène n’a rien de la gentille Ariel de Disney, croyez-moi. La vision du chorégraphe américain ramène cette histoire à ses sources ténébreuses, celles du pacte avec des forces malveillantes afin de satisfaire un désir égoïste, celles de l’adversité et de l’indifférence du monde extérieur face à nos émois, peurs et angoisses personnelles, celles de ces rêves qui s’échouent sur les écueils du destin.

Ce qui fut un conte pour enfant (mais des enfants d’une autre époque, habitués plus que les nôtres aux véritables terreurs du monde extérieur) est ici transposé en une fable presque philosophique pour adulte éveillé. Un peu à l’image des « revisites » opérées ces dernières années par certains réalisateurs hollywoodiens (pensons à cette Alice de Burton, ce Chaperon rouge bien mordant de 2010, ou la récente version de Blanche-Neige avec une méchante reine psychopate jouée par Charlize Theron), cette sirène vit dans un monde envahi par le côté obscur de la force.

En fait, on revient ici à l’esprit d’Andersen. Contrairement à celle de Disney, cette sirène souffre atrocement à chaque pas qu’elle fait avec ses nouvelles jambes. Son désespoir est parfois si palpable qu’on se demande si elle ne va pas tenter de mettre fin à ses jours.

Les décors et les costumes sont suggestifs et contemporains. On baigne dans des teintes généralement faites de bleus et de gris. J’ai particulièrement été émerveillé par la mise en scène du fond de l’océan : de simple courbes lumineuses au-dessus des têtes des danseurs, plongés dans une lumière bleu sombre, a suffit à me transporter dans ce univers ondoyant et mystérieux. Superbe!

La chorégraphie est angulaire, hachurée, surtout en ce qui concerne la petite sirène. Les autres personnages sont fort bien illustrés, comme dans cette scène de la transformation où la jeune fille « perd » sa queue. La magie morbide qui est opérée est activée par des personnages tournoyants et frénétiques, desquels une puissance surnaturelle se dégage. La combinaison de pureté des couleurs et d’économie des décors ramène toute l’attention sur les personnages et sur la fabuleuse poésie des mouvements, tant pour illuminer le début de la passion amoureuse de la jeune femme envers l’humain qu’elle a sauvé, que pour mettre en lumière les difficultés d’adaptation de la fausse humaine à son nouvel environnement ou même transcender la profonde tristesse finale de la sirène, rejetée par un monde pour lequel elle a tant sacrifié.

Un mot bien sûr sur la musique de la russe Lena Auerbach. Contemporaine et dissonante mais aussi bien somptueuse et grandiose que subtile et dépouillée, elle magnifie avec beaucoup de force émotive les tribulations intérieures des personnages. Il se dégage de cette musique évocatrice une sorte de néoromantisme actualisé, mais aucunement cliché. Un romantisme de l’expression, qui accueille les grincements aussi bien que les accords plaqués de cuivres avec facilité car ils sont intégrés à une trame orchestrale aux textures fastueuses. Cette musique est robuste, parfois rugueuse, mais elle est fortement attrayante. Un peu comme dans les meilleures partitions hollywoodiennes.

La production Blu-Ray est magnifique, avec des prises de vue de grande qualité, et une qualité visuelle à la hauteur du spectacle visuel époustouflant créée par l’une des grands chorégraphes contemporains. Je ne saurais assez vous enjoindre de regarder (et écouter) ce véritable chef-d’œuvre!


Frédéric Cardin

Concertos pour flûte et orchestre chez Chandos.



British Flute Concertos
Emily Beynon, flûte
BBC National Orchestra of Wales
Bramwell Tovey, dir.
Chandos CHAN 10718

Quatre compositeurs sont représentés sur cet enregistrement ample et lumineux: William Alwyn, Sir Lennox Berkeley, Jonathan Dove (né en 1959) et… Francis Poulenc! Non, rassurez-vous, les Anglais n’ont pas pris possession de l’identité des artistes français. Il s’agit plutôt d’un arrangement signé Berkeley de la Sonate pour flûte du Français. Un petit tour de passe-passe direz-vous. Oui, bon, au vu de la qualité de l’interprétation, on pardonnera ce crime de lèse-nationalité.

La belle surprise du groupe est le concerto « The Magic Flute Dances » de Johathan Dove. La flûte magique en question (« enchantée » devrait-on plutôt dire) est bien celle de Mozart. Dove cite plusieurs thèmes du célèbre opéra lors de ses 5 mouvements, où il fait subir toutes sortes de variations et de transformations aux mélodies, toutes si mémorables.

Le Concerto de William Alwyn (1905-1985), un compositeur aussi bien associé au concert qu’au cinema, possède d’intrinsèques qualités dramatiques et coloristiques. Alwyn était un excellent orchestrateur, et un bon créateur d’atmosphères à mi-chemin entre le romantisme et le modernisme.

Le Concerto de Berkeley (1903-1989) est plus abrasif, d’une actualité plus exigeante, mais il a lui aussi le mérite de fort bien écrire pour l’orchestre, et d’être émotionnellement accessible malgré sa modernité.

La Sonate de Poulenc reçoit ici un traitement tout en nuances dans cet orchestration de Berkeley. Les lignes fluides et le caractère épuré de la musique de Poulenc n’ont rien perdu dans la « traduction ».

Emily Beynon est une interprète très solide, avec un timbre clair et velouté. L’orchestre du Pays de Galles, comme tous les orchestres de la BBC, est excellent!

Un très beau disque, qui permettra de faire de belles découvertes.


Frédéric Cardin

Les deux concertos pour piano de Castelnuovo-Tedesco chez Naxos.


Castelnuovo-Tedesco: 
Piano Concertos nos 1 & 2; Four Dances from Love’s Labour’s Lost
Alessandro Marangoni, piano                                                                                     
Malmö Symphony Orchestra   
Andrew Mogrelia, dir.
Naxos 8.572823

J’aime bien la musique de Mario Castelnuovo-Tedesco, l’un des nombreux européens à avoir émigré aux États-Unis à cause de la guerre. Le fait qu’il soit mort en 1968 ne colore pas vraiment l’univers sonore du compositeur. Sa musique est solaire, mélodique et vibrante d’énergie.
La qualité cinématique des partitions de Castelnuovo-Tedesco nous rappelle qu’il fut l’un des professeurs du compositeur hollywoodien le plus connu et mémorable des 40 dernières années, John Williams.
Le Concerto pour piano no.1 en sol mineur, op.46 est typique du genre de pièces que Castelnuovo-Tedesco aimait construire. L’œuvre est pimpante et dotée d’une belle amplitude orchestrale. Le dernier mouvement, une sorte de tarentelle parfois teintée de textures impressionnistes, saura certainement vous tirer un sourire de satisfaction.
Le Concerto pour piano no.2 en fa majeur, op.92 est plus sérieux, plus sombre aussi, mais sans jamais s’éloigner des racines résolument romantiques du compositeur. La Romanza centrale est particulièrement riche et charnue dans son traitement des cordes, alors que le 3e mouvement contient de beaux effets expressifs à l’intérieur d’un cadre encore une fois tonal et rythmiquement dansant.
Les 4 danses extraites de Love’s Labour’s Lost, un sujet shakespearien (C-T était fasciné par l’univers du dramaturge, pour le quel il composa des opéras et des ouvertures autonomes), sont de petits délices qui témoignent de la maestria du compositeur à créer des miniatures évocatrices et fort attrayantes.
La palette orchestrale de Castelnuovo-Tedesco est constamment remplie de contrastes harmonieux et d’effets de couleurs picturales habilement déployées. Sa musique possède à la fois force et douceur, somptuosité et subtilité.
On ne pourra qu’être entièrement satisfait des interprétations de l’orchestre de Malmö. Alessandro Marangoni parcourt avec conviction ces partitions rarement jouées.

Frédéric Cardin

The Galileo Project chez Tafelmusik



The Galileo Project
Tafelmusik Baroque Orchestra
Tafelmusik TMK1001DVDCD

C’est à l’occasion de l’année de l’astronomie décrétée par l’ONU en 2009, et incidemment en conjonction avec le 400e anniversaire de la première utilisation d’un télescope par le savant italien, que fut créé ce projet en tous points magnifique par l’ensemble Tafelmusik de Toronto.
Le principe est on ne peut plus limpide : des extraits d’œuvres baroques se mêlent à des textes de Galilée lui-même à propos de ses découvertes, de son émerveillement face à la beauté de l’Univers et ses déboires face au honteux conservatisme de l’Église catholique qui refusa fanatiquement de le laisser propager ses conclusions. 
Le décor est minimaliste mais très élégant : une grande sphère immitant un antique globe terrestre sert d’écran sur lequel sont projetées des images de planètes, d’étoiles et de nébuleuses aux couleurs somptueuses et merveilleuses, mais également diverses illustrations évocatrices.
La narration vibrante et naturelle de Shaun Smyth est l’une des raisons qui font de ce projet un magnifique accomplissement. Sa présence sur scène est énergique, sans jamais tomber dans la surenchère. Il dynamise les musiciens, qui offre une performance absolument parfaite et inspirante. Quel bonheur! 
Quand on pense aux siècles qu’il fallut à l’Église avant de reconnaître son erreur de l’avoir condamné et presque envoyé au bûcher, on ne peut qu’être encore plus ému par la beauté de cette victoire totale de la raison et de l’ouverture d’esprit sur l’obscurantisme ecclésiastique. J’en avais les larmes aux yeux.
On veut voir ce splendide spectacle ici au Québec le plus tôt possible svp! Et pourquoi pas dans une traduction française? Avis au programmateurs de saisons musicales!

Frédéric Cardin

Quatuors à cordes de Humperdinck chez CPO



Humperdinck : String Quartets

Diogenes Quartett

CPO 777 547-2

On connaît bien Engelbert Humperdinck (1854-1921) pour son opéra féérique Hänsel & Gretel. On le connaît infiniment moins pour sa musique de chambre. Ce très beau disque CPO nous offre une rare chance d’entrer dans l’univers romantique de ce compositeur formé auprès de Rheinberger et Wagner. 
Ce ne sont pas ces influences stylistiques-ci qui sont en évidence dans ce programme construit autour de deux œuvres majeures (le Quatuor en do majeur et le Quintette avec piano en sol majeur) et quelques pièces plus anecdotiques (un Menuet en mi bémol majeur, un Mouvement de quatuor à cordes en mi mineur et un autre en do mineur, et finalement un Notturno pour violon et cordes en sol majeur). On y entend plutôt Brahms, mais aussi une attention très poussée à l’équilibre des voix, probablement héritée de ses professeurs, des compositeurs plus académiques tels Rheinberger et Lachner. 
L’amour de Humperdinck pour le folklore et les mélodies populaires transpire aussi à travers ces partitions aimables et légères. Pour finir, une sorte de synthèse studieuse mais enjouée de Mendelssohn et Schubert se profile dans l’esprit de l’auditeur comme une sorte d’umami sonore et stylistique, tel ce « goût » durable et continu présent dans la cuisine japonaise.

Frédéric Cardin.

Koukourgi de Cherubini chez Arthaus.


Cherubini: Koukourgi

Stefan Cerny (Fohi); Cigdem Soyarslan (Zulma); Leonardo Galleazzi (Zamti); Daniel Prohaska (Koukourgi); Peter Edelmann (Phaor); Johannes Chum (Amazan)
Kärntner Sinfonieorchester
Chorus and Extra Chorus of the Stadttheater Klagenfurt
Peter Marschik, direction
Marie-Luise Walek, costumes
Josef Köpplinger, mise en scène et direction artistique
Arthaus 101 638 (DVD)


Koukourgi fut composé en 1792 par Luigi Cherubini. Mais la première mondiale fut donnée….. en 2010!

Cet opéra-comique, une rareté de ce compositeur autrement plus académique et sérieux, a été totalement oublié jusqu’à ce que cette production offre une lumière amusée et relativement bienveillante à l’œuvre.

On y raconte l’histoire d’une guerre de clans dans la Chine ancienne, où Fohi, le roi et père adoptif d’Amazan, un orphelin, jette ce dernier hors des murs du palais après avoir découvert qu’il était amoureux de sa fille, la belle Zulma. Amazan revient aider le roi lorsqu’il apprend que celui-ci est assiégé par Koukourgi, un chef ennemi. Koukourgi s’empare du royaume, capture Zulma, et en devient amoureux. Après plusieurs péripéties, les gentils et l’amour l’emporteront et Koukourgi devra retourner chez lui, humilié.

On perçoit souvent Cherubini comme un compositeur académique et prévisible. Ce n’est pas faux. Certaines parties de ce Koukourgi sont effectivement un peu longuettes, un peu fades. Mais l’ensemble se démarque tout de même agréablement. Cherubini savait aussi écrire de belles mélodies et soutenir un contexte dramatique avec des partitions appropriées.

La mise en scène évite l’exotisme « maniéré » sans toutefois nous imposer une vision ultra-moderne qui nous aurait empêché de nous plonger dans un univers visité ici pour la toute première fois. C’est coloré et éminemment sympathique.

La direction musicale de Peter Marschik est vivante. Les solistes sont assez bons, surtout Daniel Prohaska dans le rôle irrévérenceux de Koukourgi. Frohi tonne son imposante autorité, Amazan et Zulma sont grandiloquents de romantisme. Cherubini n’a certainement pas écrit un chef-d’œuvre monumental injustement oublié, mais il a sans aucun doute pavé la voie à des figures beaucoup plus populaires comme Auber et Offenbach!

Ce DVD Arthaus vous fera à coup sûr découvrir un élément méconnu et fort distrayant de l’histoire de l’art lyrique.


Frédéric Cardin





vendredi 17 août 2012

Graun: Montezuma chez Arthaus.

Graun, C H: Montezuma


Graun: Montezuma
Alexandra Papadjiakou (Montezuma); Sophie Boulin (Eupaforice); Gudrun Sieber (Erissena); Catherine Gayer (Tezeuco); Barbara Vogel (Pilpatoè); Walton Grönroos (Ferdinando Cortes)
Orchestra of the Deutsch Oper Berlin
Hans Hilsdorf, direction
Herbert Wernicke, mise en scène et direction artistique
Arthaus 101 629 (DVD)

Cette production d’un opéra de Carl Heinrich Graun est une découverte à deux niveaux : d’abord l’œuvre elle-même. Les opéras de Graun sont raremement enregistrés, encore moins montés pour la scène. Puis, parce qu’il s’agit d’une captation réalisée en 1982! Les ensembles baroques ne pullulaient pas à l’époque, et la recherche d’authenticité musicale ne faisait pas encore l’unanimité. Si bien que l’on se retrouve avec une musique composée au milieu du 18e siècle et jouée par un orchestre résolument ancré dans le 20e. Ceci dit, le résultat demeure très attrayant et les tempi sont suffisamment dynamiques pour que l’expérience soit quand même satisfaisante à nos oreilles contemporaines.

Montezuma a été donné pour la première fois en 1755, sur une musique de Graun, bien entendu, mais aussi sur un livret de….. Frédéric le Grand!

L’histoire de Montezuma, cet empereur aztèque réputé bienveillant qui pensait avant tout au bien de son peuple, avait de quoi attirer Frédéric. On y raconte l’histoire de Montezuma, qui tout en préparant son mariage à Eupaforice, voit arriver sur ses côtes les Espagnols, menés par le cruel Cortes. Celui-ci va bien sûr trahir la confiance un peu naïve que Montezuma avait placée en lui, entraînant ainsi la chute de son royaume et, ironiquement, le massacre de son peuple. Triste fin pour un monarque si bien intentionné.

La mise en scène transpose l’action dans un contexte résolument européen. Pas de costumes à plumes, ni de fausse jungle. Les Aztèques ont des perruques poudrées et des costumes de cour du 18e siècle. Ce choix se justifie en ce sens que le livret cherchait manifestement à rapprocher l’Empereur germanique, par sa « bienveillance » et sa « bonté », au grand monarque aztèque. Le conflit contre Cortes et ses hordes assoiffées d’or et de sang, ne pouvait qu’être rapproché du conflit de la Guerre de Sept ans, qui devait s’amorcer une année plus tard en 1756, opposant la Prusse et l’Autriche. Ce que Frédéric ignorait au moment de rédiger le livret, les producteurs de 1982 le savaient, eux! Ils ont ainsi offert au texte de Frédéric une dimension prémonitoire peut-être un peu exagérée, mais historiquement signifiante.

La prise de vue date un peu. Nos standards visuels actuels sont infiniment plus pointus. Mais puisqu’il s’agit de la seule version filmée dont nous disposions, la bonne qualité du nettoyage numérique fera l’affaire en attendant autre chose.

Heureusement, la qualité des décors et des costumes est indéniable, ainsi que la mise en scène, qui se permet quelques moments fort touchants et même poignants. Les solistes sont crédibles et possèdent de très beaux instruments vocaux.


Frédéric Cardin





Krenek, les symphonies complètes chez CPO.



Krenek: Complete Symphonies
NDR Radiophilharmonie Hannover
Takao Ukigaya & Alun Francis, dir.
CPO 777 695-2 (4CD)

Enfin réunies dans un seul coffret, les symphonies d’Ernst Krenek (1900-1991) telles que lues et superbement jouées par l’orchestre de Hanovre, sont maintenant disponible. Bien sûr, il s’agit d’une parution de la maison CPO, l’une des seules à oser ce genre d’aventure, probablement peu payante mais ô combien essentielle au plan artistique et historique. Merci et bravo.

Krenek est un compositeur très peu fréquenté. Sa musique n’est pas à proprement parler « facile », mais elle est dense, brillamment construite et peut être communicative même dans sa plus robuste modernité.

La première symphonie (1922) est passablement néo-romantique, bien que l’on devine l’attrait de la modernité schoenbergienne dans ces harmonies tendues, presque sur le point de se briser.

C’est d’ailleurs ce qu’elles feront dans la deuxième symphonie, complétée peu longtemps après en 1923. Cette œuvre en est une de transition, où l’atonalisme alors en train de révolutionner la musique savante prend sa place aux côtés de réminiscences lyriques héritées des années de formation du compositeur.

Les troisième, quatrième et cinquième symphonies empruntent plus résolument la voie de la Seconde École de Vienne, et particulièrement les nos 4 & 5, composées après un hiatus « symphonique » de plus d’une décennie, soit entre 1947 et 1949. Ce qu’il y a d’intéressant chez Krenek, cependant, c’est sa faculté d’organiser cette modernité quelque peu acerbe en discours résolument communicatif. La musique des dernières symphonies de Krenek est sérieuse, certes, mais elle raconte quelque chose, elle évite le piège du « tout cérébral ».

Krenek composa une symphonie intitulée Pallas Athene en 1954, mais également une Symphonie pour vents et percussions et une Kleine Symphonie, mais elles ne se retrouvent pas dans cette intégrale n’ayant apparemment pas encore été endisquées. Ce que nous avons ici est en fait une intégrale des symphonies « numérotées ». Il reste donc encore du travail à faire pour nos amis de chez CPO!

L’orchestre de Hanovre est exemplaire sous la direction de Takao Ukigaya dans les trois premiers des quatre disques que comprend le coffret. C’est Alun Francis qui se charge du 4e volume, celui qui comprend la Symphonie no.4 et le Concerto Grosso. Francis est un habitué des découvertes proposées par CPO. Direction soignée et convaincue.

Un coffret que je vous souhaite d’avoir dans votre discothèque si vous aimez la musique du 20e siècle.

Frédéric Cardin






Saariaho: oeuvres orchestrales chez Ondine.


Saariaho: Works for Orchestra
Artistes variés (Christoph Eschebach, Jukka-Pekka Saraste, Esa-Pekka Salonen, Tapiola Chamber Choir, Avanti! Chamber Orchestra, etc.)
Ondine ODE 1113-2Q (4CD)

Comment décrire la musique de la finnoise Kaija Saariaho (née en 1952)? J’oserais dire une rencontre du spectralisme avec un certain lyrisme moderne des pays du giron de l’ex-URSS. Les compositions de Saariaho vibre d’une énergie interne incessante, mais habilement calibrée, refusant le débordement, ce qui confinerait au vulgaire. C’est une musique doucement et intelligemment fébrile, toute en luminosité kaléidoscopique. C’est atonal, rempli de dissonances bien sûr, au cas où vous voudriez qu’on vous le dise de cette manière, mais c’est aussi remarquablement scintillant, comme des éclats de verre subtilement teintés de diverses déclinaisons de bleu-blanc-argenté et sur lesquels l’on projetterait une lumière forte et directe, mais non dénuée de chaleur.

Les titres donnés par Saariaho à ses œuvres témoignent de cette vision : Lichtbogen, Grammaire des rêves, Du cristal…à la fumée, Solar, Nymphéa Reflexion, Orion, Mirage, etc.

La plupart des pièces sont pour orchestre, mais quelques-unes sont pour soliste vocal et orchestre. Saariaho maîtrise très bien l’écriture pour la voix, offrant aux chanteurs des canevas qui leur permettent de s’exprimer de façon élégante, malgré la difficulté de la partition orchestrale. L’expérience de la compositrice à l’opéra lui permet d’accomplir ce que certains compositeurs contemporains ne peuvent faire.

Je vous laisserai sur cette citation de Petar Sellars à propos de Saariaho, que je traduit librement (je la trouve tout simplement parfaite pour comprendre cette musique) :

« La force vitale dans la musique de Kaija Saariaho est son mariage d’éveil sensitif et de troublante nudité émotionnelle. Une honnêteté crue et sans ambages transpire à travers le voile de mystère de ces oeuvres. Cette musique est un système climatique magique, obsessif et immersif qui crée un sentiment d’extase, de purification et de renouveau. »

Frédéric Cardin

Vivaldi: Teuzzone sous la direction de Jordi Savall, chez Naïve


Vivaldi : Teuzzone
Paolo Lopez (Teuzzone); Raffaella Milanesi (Zidiana); Delphinae Galou (Zelinda); Roberta Mameli (Cino); Furio Zanasi (Sivenio); Antonio Giovannini (Egaro)
Naïve OP 30513 (3CD)

Teuzzone est un opera que Vivaldi composa en 1718 sur un livret d’Apostolo Zeno, souvent réadapté par plusieurs autres compositeurs de l’époque.

L’intrigue nous transporte en Chine, après la mort héroïque de l’Empereur. Une guerre de succession sert de canevas à une série d’alliances et de trahisons à quoi, bien entendu, plusieurs trames amoureuses impliquent tous les personnages dans des chassés-croisés complexes et parfois alambiqués.

La veuve de l’Empereur, Zidiana, s’allie à Sivenio et Cino, tous deux amoureux d’elle, afin de s’emparer du pouvoir en trafiquant le testament du monarque décédé, qui légauait tout son pouvoir à son fils. Zidiana est secrètement amoureuse de Teuzzone, le prince, qui lui est amoureux d’une princesse païenne, Zelinda. Il ne se préoccupe guère de politique, mais par la force des choses, finit par lutter pour obtenir son dû. La trame de fond de la Cité Interdite n’est rien de plus que cela, finalement : un décor. Tout comme les personnages d’ailleurs, dont les noms et la posture n’ont rien de chinois! L’exotisme orientalisant n’est guère présent, non plus, dans la partition de Vivaldi.

Qu’à cela ne tienne, Vivaldi réalise encore ici des petits miracles de mélodies, de drame et de passion. Teuzzone est une redécouverte musicale majeure. Le Prêtre Roux s’y dépasse en caractère et en puissance émotive.

Les solistes sont en majorité très bons, à commencer par Paolo Lopez dans le rôle de Teuzzone. Son timbre de sopraniste est clair et limpide, sa technique fluide, ses phrasés libre et naturels. J’ai beaucoup aimé Mme Milanesi dans le rôle de la comploteuse Zidiana. Son mezzo démontre assez de puissance, mais aucune lourdeur. Zelinda, campée par la contralto Delphine Galou, fait montre d’une personnalité affirmée.

La direction de Jordi Savall est un peu retenue, mais ose se laisser aller là où ça compte, en particulier dans certains épisodes marqués furioso.

Naïve continue de nous révéler d’autres fabuleux trésors de l’immense leg artistique d’Antonio Vivaldi. Ah, si cela pouvait ne jamais s’arrêter!

Frédéric Cardin

samedi 11 août 2012

Sonatas op.1 d'Agostino Guerrieri pour violon et basse continue chez CPO


Agostino Guerrieri (1630-1684)
Sonatas op.1
Sonate di Violino a 1.2.3.4.
Opera prima in Venetia 1673
Parnassi musici.
Enregistré en 2008.

Voici que, grâce à CPO, je découvre un autre compositeur vénitien méconnu: Agostino Guerrieri. Ce disque concerne ses premiers recueils de pièces pour violon sous dénomination à l'époque des sonates, de pièces pour faire "sonner". Elles représentent sans aucun doute les aboutissements techniques que le baroque nous a donné dans le domaine musical. Ce fut un peu l'âge d'or pour les sonates instrumentales, dont les plus grands compositeurs nous laissèrent de vrais chef-d'oeuvres. Guerriere serait de la sorte, l'aboutissement de toute une génération de grands violonistes vénitiens. Toutes les époques en musique eurent des caractéristiques particulières propres à leurs temps, Si la renaissance fut l'aboutissement de la voix, le baroque est sans aucun doute la période des instruments.Des progrès significatifs  réalisés dans presque tous les instruments, permirent, non seulement, la formation des orchestres baroques, mais aussi celles d'instruments solistes ainsi que des formations de chambre.
L’excellent ensemble Parnassi musici, joue sur des instruments dit d'époque, mais en gardant toujours une fraîcheur mélodique et rythmique sans égard.
Un disque à apprécier, autant pour le compositeur que pour les musiciens.

CPO:777543-2

Philippe Adelfang, août 2012.

mercredi 8 août 2012

The Sound of Weimar vol. 4 poèmes symphoniques de Franz Liszt chez NCA.


The Sound of Weimar vol.4

1-Tasso.Lamento e trionfo, Poème symphonique n°2
2-Le Triomphe funèbre du Tasse, épilogue symphonique du Tasse.
3- Héroïde funèbre.
4-Die-Ideale

Orchestre Wiener Akademie
Martin Haselböck, dir.
Enregistrement: 2011.


Franz Liszt (1811-1886) nous a laissé treize poèmes symphoniques composés entre 1849 et 1882. Bien qu'il ne soit pas le premier compositeur à utiliser un texte ou une idée "extra musicale", il est sans aucun doute le père créateur de ce genre dans la musique classique. Il faut dire aussi, que le poème symphonique est une forme musicale qui semblerait s'adapter le mieux à la manière dont Liszt pensait la musique. D'un point de vue un peu plus technique, Liszt a fait avancer la musique classique dans ses éléments de base: l'harmonie, la forme et surtout la construction et le développement des idées.

1) Tasso, Lamento e Trionfo est en fait le deuxième poème symphonique composé en commémoration du centième anniversaire de la naissance de Goethe, et servit, en 1849, comme ouverture au drame en cinq actes Torquato Tasso. Par la suite, la partition eut des révisions faites par Joachim Raff jusqu'à sa forme définitive en de 1854.

2) Le Triomphe Funèbre du Tasse, épilogue symphonique au poème symphonique Tasso Trois Odes funèbres n°3. Sorte d'épilogue ou Liszt reprend les deux thèmes principaux du poème symphonique, mais en les variant à sa manière, afin de créer de véritables paraphrases. Certains auteurs voient une plus grande densité et profondeur dans cette pièce que dans le poème original.

3) Héroïde funèbre, c'est le poème symphonique numéro huit, composé sous les impacts révolutionnaires de 1848-49. Créé à partir d'une "Symphonie révolutionnaire" de 1830, où survivra seulement le premier mouvement , remanié et réécrit sous la forme qu'on le connait maintenant.

4) Die Ideale (Les idéaux), poème symphonique n°12, qui met fin à la série. Il puise son programme dans le poème philosophique de Friedrich Schiller, dont il copira des extraits dans la partition, afin de marquer l'influence de la poésie dans sa musique.

Un petit paragraphe pour le travail de Martin Haselböck et sa Wiener Akademie. À première écoute on voudrait retrouver un son un peu plus garni suivant le style de la Chicago à l'époque de Solti, mais c'est dans de successives écoutes que j'ai commencé à apprécier le vrais travail d’orfèvre de cette version, oú les cordes et les bois, sonnent bien plus comme de la musique de chambre. Ce qui ne serait pas trop éloigné de la réalité trouvée par Litz à Weimar. En effet, il créait les partitions pour de grands effectifs, mais ce n'est pas ce qu'il avait à porté de main.

De très belles versions. Si vous ne connaissez pas ces pièces, voici une musique à découvrir, mais si vous les connaissez déjà, elles serviront à vous faire écouter d'autres façons d'envisager un travail de reconstruction sonore du XIX siècle.

NCA: The sound of Weimar vol.4 60254

Philippe Adelfang, août 2012.